J'ai connu Françoise Salamand-Parker en 2003 en "entrant en Filigranes". Il y a des écritures qui nous parlent plus ou moins, qui nous séduisent d'emblée. Dans le cas de Françoise, ses textes m'ont emballé tout de suite ! Quant à la personne... j'avoue humblement qu'il m'a fallu faire un effort. Non pas pour l'aimer mais pour la comprendre quand elle s'exprimait.
"Françoise est née en Australie en 1954. Américaniste de formation, elle a intégré l'École Normale Supérieure en 1975, puis vaincue par les tracasseries administratives qui l'on empêchée de passer l'agrégation et de rentrer comme chercheur au CNRS, elle est devenue conservateur de bibliothèque sans jamais cesser d'écrire....
Petit détail qui a son importance, elle est handicapée physique de naissance. Mais dans son amour des mots se transmet l'amour de la vie."
(extrait 4ème de couverture de La griote de Montpellier.
Maintenant, le mieux est de vous livrer un des textes du recueil. La griote de Montpellier (il n'y a pas de faute d'orthographe !) il ne s'agit pas ici d'une cerise mais du féminin de griot ; est publié aux Editions Manoirante.
Pour le commander le mieux est de faire comme moi : FNAC. fr !!!
PAROLES DE PIERRE
Le chemin est long mais il y a la parole
Il me raconte des histoires
Et le chemin est plus court
Mes pieds s'accrochent aux pierres dures du sentier
Mais mon esprit est dans ces contes
Auprès de ce grand-père calme et sage
Qui fume devant sa case
En regardant grandir ses petits-enfants
Ce grand-père qui ne savait ni lire ni écrire
Mais qui connaissait tout les contes
Enfilés en perles
Par plusieurs générations
De grands-pères calmes et sages
Qui fumaient devant leurs cases
Le chemin est long mais il n'y a plus la parole
La voix calme et douce du griot est assourdie
Mes pieds s'écorchent aux pierres sèches
La parole a fait de l'homme un interprète un passeur
Mais il n'y a plus de parole
Il n'y a soudain sur le chemin que des cris
Cris de la populace en rage
Cris des enfants pourchassés
Cris des soldats qu'on a lâchés
Cris des hélicos violant le ciel
Je n'entends plus la parole du griot
Qui chemine à côté de moi
Il est tombé et de sa bouche d'or
S'envole un cri d'agonie
La parole a été assassinée
Comment alors sans paroles
Pourrons-nous alors nous parler
Et faire arrêter ces cris ?
Griote de Montpellier
Je reprends la parole
Tombée.
Françoise Parker