Création d’aquarelles
Dépatouille, démerdouille !
a dit la dame de l’atelier sur les arts composés.
Dépatouille, démerdouille ? C’est quoi ce plan ?
En attendant, rapidement, les aspirants obéissants
découpent en tranches des feuilles blanches.
Dépatouille, démerdouille… ouille !
Etre intuitif, constructif, fabriquer de l’abstractif
avec ce dispositif ?
Affirmatif, sauf que je suis pas créative, pas inventive et
sur cette initiative dans une totale expectative.
Tout le groupe se met en route, moi je frôle la déroute !
Me faudrait sans tarder trouver une idée…
Un flash, cash. Pour me mettre à la tâche.
La vache ! Mes cellules grises se paralysent je démoralise
avec une vague impression de retourner à l’école,
c’est pas drôle !
Egarée, je reste figée. Faudrait pourtant commencer…
Commencer… commencer… comment c’est, une esquisse ?
Penser à Matisse, à un certain Nu Bleu…
Me lancer, esquisser une vague forme informe d’un bleu trop
bleu !
Mais pour continuer… je manque d’idées.
Insister, persister, mais…
sans motivation c’est une abomination !
Gribouiller barbouiller ajouter
couleurs pleureuses jaune citron,
touches baveuses orange potiron,
qui se meuvent en haut, en bas, à plat,
font ce qu’elles peuvent.
Quelle épreuve ! J’ai l’estomac en vrille là,
Puis là voilà patatras pour continuer… je manque d’idées…
Cependant, peu à peu, dans le soleil en veille,
Les apprentis s’interpellent, les dessins s’amoncellent,
et s’emmêlent sur le dallage carrelage des pages
mais moi sur les pages du carrelage je nage
l’inspiration rouillée, l’esprit en vadrouille,
tout se brouille en carambouille
je n’ai plus aucune idée. Continuer ?
Niquedouille !
Trois p’tits points…
Jeannine Anziani
Publié dans En habits de charivari
Editions Manoirante
J'ai écrit ce texte suite à un atelier du GFEN animé par Odette et Michel Neumayer. Je pense que vous aurez compris que la dame dont je parle dans le poème n'est autre qu'Odette.