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26 mai 2009 2 26 /05 /mai /2009 07:47

 


 

 

  "Du rouge dans le paysage "

était le thème du numéro 58 de la revue d'écritures Filigranes.
Vous tomberez sur mon texte sur le sujet dans la catégorie Autour de Fili  :
" Les falaises du Trayas".


Et voici les textes de Geneviève : 
 

Les coquelicots

 

Le sang des coquelicots s’est hissé au-dessus des épis. Lentement les fleurs se sont construites à l’ombre des tiges drues pour s’étaler enfin en pleine lumière. Victoire de la couleur, de la fragilité, exaltation de l’éphémère.

 

Les jupons rouges des frivoles tournent la tête des barbes jaunissantes. Ils mourront de la même mort, sous le tranchant de la même faux.

Le rouge-queue

 

D’abord le bruit devenu familier, un claquement sourd comme deux bûches que l’on heurte et c’est le signal qu’il est là tout près, l’oiseau de suie, le pèlerin en bure sombre. Vous le voyez enfin et le temps de douter de sa présence à cette altitude (alors qu’il était devenu le petit compagnon du jardinier d’en bas), le temps de le nommer et déjà il se déploie comme un plongeur de haut vol gainé de flammes, une flèche empennée de braise ; le temps d’un coup d’aile pour dévoiler et masquer aussitôt le trésor.

 

Et tu t’es sentie désignée, puis appelée, impuissante à suivre l’oiseau signe. Mais dans ton immobilité tu as le sentiment d’avoir entrevu une clarté. Et là, dans cette impasse où les mots trébuchent, tu déposes l’obole du passeur dans l’espoir de je ne sais quelle reconnaissance.

                                                                                                                                     Geneviève Liautard

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21 mai 2009 4 21 /05 /mai /2009 02:19


L'autre Geneviève est brune, habite Marseille mais se caratape dès qu'elle le peut vers son jardin de Saint-Maximin.
L'autre Geneviève je l'ai connue avant l'autre ! Mais également grâce à Filigranes en 2003 ; autrement elle a pendant longtemps été très active au sein du Scriptorium.

Sur la photo nous voici côte à côte sur un promène-couillons en partance pour les îles du Frioul.
L'autre Geneviève écrit aussi :

JE DIS ZERO

rien

nada

 

pas de gouffres

pas de puits

pas de fonds

 

Je me penche

c'est le vertige

je suis frappée de cécité

par la vision de ce rien

 

J'écris zéro

c'est une rondeur

un mouvement de main

l'ébauche d'un signe

 

C'est l'oeil de l'aigrette

celui du ramier

un vol

un roucoulement

un bruit de gorge

la bouche de l'enfant

dans la succion

du sein de la mère

 

Je dis zéro

rien

nada

 

Je me penche

l'infini a envahi l'espace

les ailes de l'aigrette

touchent les bords du ciel

l'Orient à notre porte

le désert sous nos pas

les plaintes roulent

dans des odeurs de sel

 

Je dis zéro

rien

nada

 

Des yeux d'Oedipe

coule le sang noir

de la terre

Antigone n'est plus

pour crier sur les places

 

Je dis zéro

rien

nada

 

Qui serait prêt

à tomber

dans le grand cercle

du néant ?

  ____________________________________________________________________


Elle se plie

Fait tentative de dépliement

                        Offre son flanc

Puis se replie

 

Ce n'est pas de froid

Qu'il s'agit

De pluie, de vent

De grands tourments

                        C'est de soucis

 

Orange

Bonze tibétain

Avec cloche d'airain

Et moulin

                        Elle prie

 

Multiple cherche l'Un

Pour y fourrer

Son deux, son trois

Miroir sans tain

Dans son bagage

Pour les jours

De grand partage

 

Entre les pages

Qu'elle replie

Qu'elle repasse

                        Elle s'oublie.



                                                       Geneviève Liautard
 

 

 

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15 mai 2009 5 15 /05 /mai /2009 05:59

Ecrire autrement, c'est ce que fait Geneviève Bertrand.
Geneviève connue en... aux séminaires de Filigranes,
retrouvée plus tard aux intervalles du Scriptorium.
Geneviève "La belle de Coudoux".

  

Au premier jour

La maison s’est  montrée hostile       repliée       rouillée

        exhibant ses moisissures et son salpêtre

 

 

Espace ré apprivoisé sous la caresse claire de la cire

Moulures du bois adaptées à chaque repli de l’âme

Joie tremblante qui touche aux racines

                                                         Corps à corps avec ce lieu – autant dire moi-même 

 

 

Incongruité du chapeau de paille sur la commode

L’humide pénètre le dos                     la cheminée refoule

 

 

Les montagnes ont repris leur place après la pluie

Le col de l’Asclier s’enfonce à la limite du ciel

Entonnoir de l’Evidence

 

  

La maison colle à l’être     adhère aux racines nerveuses

toujours à vif

 

Le grand ciel rond se referme pour bercer l’émotion et la fatigue

protéger la part intérieure

 

 

 Ni passé       ni maintenant        ni ailleurs

Seulement              ce mouvement intérieur qui se dé-fige

Désapprendre la peur de soi même et de l’autre

Dans cet oubli nourricier

 

 

Se dilater dans l’espace sans s’écorcher à l’incision d’un regard –

Accéder à l’Etre    à la part de l’Immobile

Toi   la coupable    la désirable      la morcellée

 

 

Majesté d’un instant

Comme si le soleil se couchait pour moi seule – se dédoublant sur le miroir face au lit

Comme si pour moi seule le ciel venait s’appuyer à la fenêtre

   

 

La falaise de Montmal

projette au matin sa blancheur sidérale sur le seuil de la cuisine

Bénédiction du jour 

Instant germe où la lumière calcaire glisse sous le tilleul             

- grosse de tous les possibles

 

  

La chambre        Ma chambre     se moule à chaque parcelle de peau      

Habitacle intérieur sauvegardé du temps

Part intime mise en dépôt pour chaque retour d’exil

 

 

Au matin les volets s’ouvrent sur la naissance du monde

cicatrisée par la ligne du Fageas

Cocon au ras du ciel       sécrété au rythme respiratoire des saisons

 

 

 Horizon barré par la Séranne

ponctuée de pleine lune            

La fenêtre s’emplit de nuit – aggravée par le halo de la lampe

Intimité blanche de la pièce comme un drap replié

 

 

Brume d’hiver

Parfois une lumière pâle traverse l’espace, l’attente

à nouveau s’éteint – devient aveugle

 

 

Brume fœtale  déposée sur les yeux       

                                                        toute forme s’efface

L’existence doute d’elle même         

Le monde est suspendu par dessus la vallée de la Vis

Les pensées se fixent à l’aplomb des montagnes                                     

Les membres gisent sans force               

 

La Certitude immanente laisse pousser ses racines dans l’humus ancestral –

 couche épaisse et tiède

La décomposition des souvenirs se mêle au substrat originaire du monde

L’attache magnétique retrouve son adhérence

 

     

      Autel par dessus la vallée 

Maison sacrificielle -   prête à recevoir l’offertoire d’une vie    

 

Geneviève Bertrand  

 

 

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Blog Ribambelle D'écritures

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  • En l'an 2000, j'ai décidé de changer de vie ! Disons, de me consacrer à ce que j'avais toujours rêvé de faire : écrire... Alors, depuis, j'écris... pour les grands et pour les petits !
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