Le N° 111 de la revue d'écritures Filigranes vient de paraître. Un nouveau design pour la couverture, une mise en page elle aussi renouvelée, il était nécessaire de rajeunir la revue publiée depuis bientôt 40 ans !
Un record pour une revue qui devient semestrielle à la place des 3 numéros par an. Petit rappel, vous pouvez retrouver toutes les infos sur le site : http://filigraneslarevue.fr, mais l'ancien site : www.ecriture-partagee.com existe toujours pour l'instant.
Avec ce N°111 s'ouvre un nouveau cycle - végétal - déclinant le thème HUMUS.
Si l'aventure d'écrire pour le prochain numéro 113 de la revue vous tente, sachant que la thématique en sera : L'air et les songes, il vous suffira d'envoyer votre texte à filigraneslarevue@laposte.net. Auparavant le mieux serait malgré tout d'aller faire un tour sur le site.
Filigranes ne publie que des textes courts (4000 signes maxi.)
Pour en revenir au N° 111 Humus, voici ci-dessous, regroupé dans la catégorie Pétris de terre, ma participation.
Sans Hâte
Accroupie devant l’ocre poterie pansue, la terre glisse entre mes doigts.
La sensation, si douce, si agréable, envoie mon Humeur par monts et par vaux,
aux plus profondes oubliettes du château-fort de ma mémoire.
Posée dans le présent, je me détache de l’actualité pas franchement gaie. J’étouffe
les foisonnantes pensées et leurs images de film de guerre, sauf que ce n’est pas un film et j’en néglige l’exercice littéraire qui m’attend devant l’ordi, là-haut, dans la mezzanine.
L’Hortensia pointe le bout de ses bourgeons, il va apprécier l’apport de terre de bruyère.
Et mon humble personne, qu’est-ce qui l’a fait pousser ?
Tout en me relevant, furieux Hourvari dans mon esprit ! La tête tournée vers l’azur,
un questionnement existentiel m’envahit. L’Humain, sous toutes les latitudes, tellement de diversité, tellement d’évolution, depuis sa « germination ». Mais cette croissance, pas encore complètement aboutie, semble-t-il.
Hum ! oui, sans doute, l’apprentissage n’est-il pas terminé.
Quant à moi, à composer, avec les gènes des ancêtres, l’éducation reçue, les rôles endossés bon gré mal gré, les coups de soleil, les coups du sort, les enfants qui ont grandi trop vite, les petits-enfants encore plus vite et ceci et cela… et l’amour et l’effroi, comment m’en suis-je sortie ?
Une vie réussie, ou pas ? Si je me réfère à Laurent Gounelle qui nous en donne une recette dans L’homme qui voulait être Heureux, je m’en sors… honorablement. Ouf !
Un ouf de Houle. Des mouvements de mon Histoire. L’enfance, l’adolescence, la maturité, la Méditerranée.
Au bout d’une rue d’Antibes, à l’horizon d’un balcon, au pied de la terrasse d’un cabanon, de chaque côté d’un ponton de bois branlant sous lequel passent des muges qui viennent respirer à la surface, dans la musique obsédante des cigales planquées sur l’écorce des grands pins torsadés, penchés vers l’eau salée.
À proximité des poissons, au joli mois de mai, les odorantes fleurs jaunes des immortellesme grisent indéfectivement.
Immortel ? Ça vous tente ?
En attendant cette éventualité, me voici devant mon ordi, à me dépatouiller avec les mots.
Ils vont germer, sans Hâte.
Jeannine Anziani