Voilà ! On y est parvenu... le centième numéro de la revue d'écritures Filigranes (www.ecriture-partagee.com) affectueusement surnommée "Fili", est sorti pour Noël.
Le numéro 100 ! Comment aurait-on pu penser que la thématique de l'année 2018 soit autre que 100% Création ? Développée sur 3 numéros , ce N° 100 est le deuxième du thème, sous-titrée "Une année particulière".
Une autre consigne faisait aussi partie du challenge : placer 1984 (date de la naissance de Fili) dans le texte.
Ma foi, vous savez tout... bonne lecture de ma participation.
BATEAU !
(Ce mot, employé seul sous la forme d’une exclamation, exprime l’idée que tout va bien, que ce qu’on entreprend est facile) –
Almanach provençal 1984
Cajoleuses, les vaguelettes viennent à ma rencontre. Mon regard les suit, mon visage sourit, l’amical baume salé caresse mes jambes et mes petits maux s’estompent. Les vaines pensées décalées, elles, coulent à pic.
Je me vide et je me remplis.[1]
Ici, à la lisière entre la mer et la terre, le monde n’existe plus ou si peu.
Seul subsiste l’instant, les sensations primaires : chaud, froid, faim, soif, et plonger pour oublier la société, les artifices, les trahisons, l’espoir sans cesse reporté, les mots jamais arrivés. Et la désillusion.
Le bien-être est à portée de main, plutôt juste sous mes pieds. Un, deux, trois, lâcher l’échelle de bain, lâcher tout.
Je suis en récréation. À la re – création de moi-même.
Trop d’attente n’était pas raisonnable. C’est que l’impatience est cruelle, le sentiment d’injustice décourageant, le doute obsédant ; rien d’évident de garder l’enthousiasme. Ces phénomènes de vie sont bien connus : instables, impermanents, sans cesse, inexorablement.
Tout là-haut, très fort, le soleil me l’assure, ces temps derniers, je me suis perdue de vue.
Mais la mélancolie.
Quant à toi, l’écriture, espèce de vulgaire papier mâché, va-t-en au diable ! Je t’ai déjà trop donnée. En ce moment, je suis fâchée.
Peut-être demain, je reviendrai vers toi, ou pas. Je sais, tu te crois indispensable. Quelle prétention ! Laisse-moi rire. En outre, mon désir de la parole écrite s’est émoussé. La pulsion du crayon, assoupie. J’ai perdu la foi.
« Attention, je suis ta drogue, dit une petite voix, crois-tu te débarrasser de moi aussi facilement ? »
Eh bien ! disons que je fais une cure de désintoxication.
De surcroît, des hiéroglyphes aux émoticônes, tout n’a-t-il pas déjà, et si somptueusement parfois, été mis noir sur blanc ?
Jeannine Anziani
[1] Se vider de tout ce dont on est plein
Se remplir de tout ce dont on est vide (Saint Augustin)