Dans la rue, une voiture est arrêtée en plein milieu. Impossible de passer. La conductrice et son fils, des voisins que nous connaissons de vue, se tiennent à côté de leur véhicule et ont l’air un peu paniqués. Surtout le fils, Augustin qui a physiquement une vingtaine d’années mais… n’a pas tout à fait le même âge mental.
- Qu’est-ce qui se passe demande, L’ Homme ? (J’aime bien appeler mon mari « L’Homme ». Je trouve le « mon » un peu possessif…)
- Là, Il y a une mygale, explique la maman en montrant du doigt le bas-côté de la route.
- UNE MYGALE ?
- Oui,ouiiiiiiiiii, ajoute Augustin complètement terrorisé.
Du coup, nous descendons nous aussi de voiture. Effectivement, sur la droite, dans le caniveau, immobile, il y a une très très grosse araignée noire.
- Hum… elle bouge pas beaucoup… elle est sûrement morte, énonce L’Homme.
J’ajoute :
- Non, mais c’est pas possible, UNE MYGALE, ICI… on lit bien dans les journaux que les gens ont de plus en plus de NAC, qui s’échappent de chez eux et que les pompiers retrouvent un peu partout, mais tout de même !
Alors n’écoutant que son courage… L’Homme s’approche de la bestiole noire, lui file un coup de pied. La Bête ne bouge point.
- Hé ! Elle est fausse, rigole L’Homme, c’est un jouet…
Et il l’attrape à pleine main.
- AAAAAAAAAAhhhhhhhhhh ! fait Augusitn.
L’Homme retourne la mygale :
- Mais elle a des roulettes, cette mygale !!!
Et il la rejette sur le tas de feuilles mortes dans le caniveau. Ensuite chacun remonte dans son véhicule et poursuit son chemin.
Fin de l’histoire de la mygale échappée ? Que nenni !
Deux jours après, j’arrive en voiture devant la maison et je vois Augusitn en grande conversation avec L’Homme.
- La mygale est encore là, m’explique L’Homme, alors Augutin est venu me chercher…
Nous descendons la rue tous les trois mais le jeune homme tremble tellement que je lui prends le bras et le rassure :
- Ce n’est qu’un jouet tu sais…
- Mais ça fait peur tout de même…
Tellement peur qu’il ralentit le pas, s’accroche à moi comme à une bouée de sauvetage, il tremble, il tremble.
Enfin L’Homme ramasse La Bête, et, évitant de repasser devant nous, va la jeter dans la poubelle du haut de la rue.
Augustin peut rentrer tranquillement chez lui tandis que je songe à cette parabole indienne de la corde et du serpent.
Vous savez, cette corde enroulée aux pieds d’un mendiant que les passants prennent pour un serpent…
Ne sommes-nous pas tous un jour le jouet de nos pensées ? Prenant une corde pour un serpent, un jouet pour une mygale ?
Cher Augustin.