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1 juillet 2010 4 01 /07 /juillet /2010 12:40

          

A qui la faute ?

 

 

     4326164712_02b738726b.jpg                         Un homme très pauvre vivotait péniblement. Pourtant, il était loin d'être paresseux, au contraire. Il travaillait sans relâche, se fatiguait, s'épuisait. Mais en vain. Il restait toujours très pauvre.

           Un jour, excédé et découragé, il décida d'aller protester auprès de Dieu contre l'injustice du sort qui lui était réservé et aussi pour Lui demander d'y remédier.

           Sitôt dit, sitôt fait ; il se mit en route.

           Chemin faisant, il rencontra un loup.

           -  Bonjour maître voyageur ! Quel bon vent t'amène ? Quelle est ta destination ? s'enquit le loup.

- Je me rends auprès de Dieu. Je vais lui ouvrir mon coeur. Il a été injuste envers moi ; je vais Lui demander d'y mettre un terme.

 - Bravo ! Bonne chance ! Mais puisque tu y vas, veux-tu me rendre service ? Dis également à Dieu, que je ne comprends rien au  sort qu'Il m'a réservé. Du matin jusqu'au soir je cherche de quoi manger ; en vain. Demande-Lui pourquoi Il m'a crée s'Il devait me laisser mourir de faim ? Combien de temps cela va-t-il durer encore ?

 - C'est entendu, je Lui parlerai de toi, promit l'homme, et il poursuivit son chemin.

           Au bout d'un certain temps, il rencontra une belle jeune-fille.

 - Bonjour, maître voyageur ! Où vast-u ainsi ? demanda-t-elle.

 - Je me rends auprès de Dieu, j'ai une requête à Lui présenter.

 Et l'homme expliqua à la jeune-fille le détail de ses doléances.

 - Je te souhaite bonne chance ! répondit cette dernière. Mais puisque tu y vas, peux-tu Lui parler de moi aussi ? Dis-Lui qu'il existe sur terre une jeune-fille comme moi, jeune, en bonne santé, jolie, riche, mais qui se sent malheureuse. Que doit-elle faire pour atteindre le bonheur ?

 - Compte sur moi ! Je Lui parlerai de toi aussi, promit l'homme, et il poursuivit son chemin.

 Il marcha encore quelque temps, puis il fit halte auprès d'un arbre aux branches nues, bien qu'il fût planté dans une terre fertile.2061052355_c098162fb1.jpg

 - Où vas-tu ainsi ? demanda l'arbre.

 L'homme expliqua ce qu'il voulait faire.

 - Puisque c'est ainsi, pria l'arbre, veux-tu parler à Dieu de moi aussi ? Dis-Lui que je ne comprends rien au sort qu'Il m'a réservé. J'ai pris racine dans cette terre fertile, et pourtant, été comme hiver mes branches demeurent nues. Quand donc aurai-je, moi aussi, des feuilles vertes comme les autres arbres ?

 L'homme promit à l'arbre d'en parler à Dieu et poursuivit son chemin.

 Il marcha jour et nuit. Enfin il arriva auprès de Dieu. Il Le salua avec humilité et attendit qu'Il lui adressât la parole.

 - Tu es sans doute venu pour me soumettre une requête. Parle ! Je t'écoute, lui dit Dieu.

 - Voilà ! On dit que Tu es impartial, que Tu traites tous les hommes de la même manière. Mais prenons mon cas : je travaille comme un forcené, je me fatigue, je fais tout, et pourtant je suis toujours pauvre et n'arrive pas à manger à ma faim. J'en connais d'autres qui ne travaillent même pas la moitié autant que moi, mais qui sont riches et mènent une vie agréable. Où est l'égalité et l'impartialité là-dedans ? débita l'homme d'un seul trait.

 - Soit ! Je t'offre ta chance ! Désormais tu seras riche et heureux. Va maintenant et sache profiter de ta chance, répondit Dieu.

 Le bonhomme remercia Dieu pour Sa bonté et, avant de prendre congé, Lui transmit également les requêtes du loup affamé, de la belle jeune-fille malheureuse et de l'arbre aux branches nues.

 Dieu fournit les réponses correspondant à chacun des cas. Notre homme renouvela ses remerciements et prit le chemin du retour.

 En premier lieu, il rencontra l'arbre.

 - Alors ? Quelle réponse  m'apportes-tu ? s'enquit l'arbre.

 - Dieu a dit pour toi, qu'une énorme quantité d'or se trouve cachée juste sous tes racines. Tant et aussi longtemps que cet or n'aura pas été enlevé de là, tes racines ne pourront te nourrir suffisamment et tes branches resteront sans feuillage.

 - Mais c'est formidable ! se réjouit l'arbre. Fais vite ! Creuse ! Prends l'or ! Nous en profiterons tous les deux ! Tu seras riche et j'aurai enfin des feuilles vertes !

 -Oh non ! Je regrette. Je n'ai pas de temps à perdre ! Dieu m'a offert ma chance. Il faut que je me dépêche d'aller la trouver et en profiter !

 Et il s'éloigna à grands pas.

 Puis il rencontra la belle jeune-fille malheureuse, qui lui demanda :

 - Alors quelles nouvelles m'apportes-tu ?

 - Eh bien ! Dieu a dit que pour être heureuse, tu dois trouver un époux pour partager avec lui tes joies et tes peines.

 - Puisque c'est ainsi, accepte de devenir mon époux ; pria la jeune-fille. Nous nous rendrons mutuellement heureux.

 - Oh non ! Je regrette. Je n'en ai pas le temps ! Dieu m'a offert ma chance ; je dois la découvrir et en profiter ! Je suis pressé... répondit notre bonhomme et il s'éloigna à toutes jambes.

 Le loup affamé l'attendait avec impatience. Dès qu'il l'aperçut, il courut ver l'homme :

 - Alors ? As-tu vu Dieu ? Qu'a-t-Il dit pour moi ?

 - Laisse-moi te raconter d'abord, qu'après t'avoir rencontré, je croisai une belle jeune-fille et un arbre aux branches nues. La première me pria de demander à Dieu pourquoi elle demeurait malheureuse ; l'arbre voulait savoir pourquoi il restait sans feuillage. Figure-toi qu'en ce qui concerne la fille, elle doit trouver un époux pour cesser d'être malheureuse. Quand je lui en fis part, elle me proposa de l'épouser. Quant à l'arbre, il paraît que l'or caché sous ses racines l'empêche d'avoir des feuilles ; l'arbre eut le culot de me proposer de creuser sous ses racines pour le débarrasser de cet or. Bien entendu, je refusai ces deux propositions. Dieu m'a offert ma chance ; il faut que je la trouve rapidement, pour pouvoir en profiter enfin. Je n'avais pas de temps à perdre ni avec la jeune-fille ni avec l'arbre.

 - Et pour moi ? Quelle est la solution de mon problème ? demanda le loup affamé.

 - Voilà ! Pour toi, Dieu a dit, que tu dois errer affamé jusqu'à ce que tu rencontres un imbécile que tu dévoreras pour assouvir ta faim.

 - Où veux-tu que je trouve un plus grand imbécile que toi ? rétorqua le loup. Et il dévora notre bonhomme.

 

Raconté par Chaké Der Melkonian-Minassian

Contes Arméniens (Editions Kirk)

 

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commentaires

L
<br /> Bonjour,<br /> mon fils à la même histoire dans un livre de contes orientaux, à ceci prêt que l'homme ne va pas voir Dieu mais son destin qui fait une sièste dans une oasis de rêve dans le desert de mésopotamie.<br /> Sinon le loup, la jeune fille l'arbre... tout pareil ! bonne journée !<br /> <br /> <br />
Répondre
P
<br /> <br /> Tout d'abord merci d'avoir laissé un commentaire. Ensuite, ce que vous dites ne m'étonne pas. J'ai trouvé ce conte dans un vieux et magnifique livre de contes arméniens mais je pense que<br /> les contes se transmettaient oralement dans les temps anciens et qu'ainsi donc chaque conteur pouvait apporter des modifications à l'histoire... les droits d'auteur n'avaient pas encore cours<br /> !<br /> <br /> <br /> Amicalement<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> Dieu n'est pas très pédagogue, finalement. C'est un couperet. En revanche les conteurs le sont.<br /> <br /> <br />
Répondre
P
<br /> <br /> Vrai, conteuses et conteurs sont pédagogues, philosophes ! Quand j'interviens avec des enfants je vois bien ce qu'ils retirent d'un de mes contes.<br /> <br /> <br /> <br />

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