Filigranes avait choisi comme thématique de l'année 2016/2017 : "La matière de l'écriture". Nous voici déjà au volume 3 baptisé L'échappée belle.
Et voilà donc ma participation :
« Rien ne se perd, rien ne se crée,
tout se transforme »*
L’humanité ? Désespérante. Là-bas ? Guerres. Ici ? Douleurs.
Vrais soucis ? Faux problèmes. Pesanteur ? Monotonie.
Et cætera. Et cætera.
Ah ! Que me voilà morose, à contempler d’un œil flapi
le sinistre amoncellement.
Fouler aux pieds ? Brûler ?
P’t-être pas une si mauvaise idée, le feu !
Les flammes consument mais aussi, transforment.
Chauffons donc mon déprimant ramassis, à l’aide d’un
système alambiqué : famille amis les vivants et les morts,
les roses du jardin, musique à donf, folie en brin, tous ceux
qui m’aiment tout ce que j’aime, mots à écrire mots à lire,
et pour finir imaginons LE voyage.
Oh ! Oh ! Voici le méchant tas métamorphosé.
Tendre magie, petit miracle, grand mystère. Tout de même,
devrais réfléchir à cet étonnant abracadabra !
Abracadabra ? Hop ! Un avion, moderne magie. Qui me
transporte au pays où les dieux sont nés, et la philosophie.
A propos, Lavoisier, il n’a fait que transformer la phrase
d’Anaxagore. Car, comme chacun sait, le premier qui a dit :
« Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se
combinent, puis se séparent de nouveau » est ce philosophe
grec présocratique.
Et toc !
Bon, revenons à notre avion, suivi d’un ferry.
Mon esprit exulte.
Même si sa Vénus magnifique, par un tour de passe-passe
culturel… loge désormais, la pauvre, à Paris, moi, ça y est,
j’y suis dans l’île fantasmée. Yep !
C’est qu’il faut vous dire : être une avec ses gènes,
ses origines, son nom, des souvenirs de lumineuses vacances
d’adolescence, s’apparente à une grâce inouïe, proche de
l’absolu.
Avec une taverne bordant la Grande Bleue
Et du bleu sur les portes, du bleu sur les volets
Et du bleu dans le ciel pour palper le soleil qui
Vient sécher les poulpes que l’huile d’olive attend.
Avec la plage perdue tout au bout de la route
Et la route des flots m’invitant à la nage
Et la route où des gens tellement prévenants
Rassurent mon rêve enfin assouvi.
J’ai appuyé sur pause, j’ai oublié les sages,
j’ai oublié les fous.
Et me suis – seulement – laisser - vivre.
J.A.
*Antoine Lavoisier