Je voudrais revenir sur l'article d'il y a 2 jours au sujet du handicap. Raconter l'histoire d'une jeune-fille qui à l'âge de 20 ans, à la suite d'un accident, a été opérée de la colonne
vertébrale.
A la suite de cette opération, son corps a changé mais surtout le regard des autres sur elle s'est modifié.
Elle ne se tenait plus aussi droite qu'avant.
Se voir différent dans le regard des autres est terrifiant.
En même temps, son regard à elle aussi à changer. Son regard sur la vie.
Faut-il passer par la souffrance pour s'ouvrir aux autres et au monde ?
Le poème qui suit a été publié dans le numéro 59 de la revue d'écritures Filigranes dont le thème était "20 ans en Filigranes"
Entre les lignes
Elle était fille de Roi.
Roi de Pacotille… mais roi tout de même.
Princesse Sidharta nourrie d’insouciance à l’abri de la souffrance,
la route semblait toute tracée.
Du jour au lendemain la route a bifurquée, le verdict est tombé :
un mot chardon frissons prison, o – pé – ra – tion.
Un mot brutal glacial fatal, hô – pi – tal.
Un mot noirceur terreur
pleurs, dou - leur.
Pénétrante, violente, lancinante, DOULEUR.
L’horizon s’est masqué, dans un masque de plâtre.
Cloîtrée dans un corset durant toute une année,
mais comme c’est long… une année…
- Vis, vis ta vie, souffle tes vingt bougies frustrées de liberté
et grandis, sans te retourner en arrière…
Veux-tu te transformer en statue de sel ?
Les souvenirs sont-ils immortels ?
Mais ce mal au corps, et ce froid au cœur,
Et cette âme en panne ?
Chaîne et trame entremêlée,
Chaîne à briser, trame à tisser.
Elle était fille de Roi, et ne voulait pas de cette vie là :
« C’est moi qui choisis ! » Tendre innocente.
Les dieux ont imposé un autre chemin, un autre destin :
Une autre image, un autre amarrage.
C’est pas si mal, c’est pas si bien,
C’est le sien.
Tiens,
les fleurs violacées du bougainvillier sont
tombées là, juste à côté,
comme un alphabet qui dessinerait les stances
de son existence.
Texte publié dans le N° 59 de la revue Filigranes