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27 août 2009 4 27 /08 /août /2009 11:56


Ce très court texte de Jules Supervielle me semble ouvrir les yeux (à ceux qui ne savent pas les fermer pour mieux voir) sur les choses qui sont là en notre absence, et sur "elle"  que chacun de nous porte quelque part au fond de lui et sur laquelle chacun pose un regard différent.


La mer secrète

Quand nul ne la regarde
La mer n'est plus la mer,
Elle est ce que nous sommes
Lorsque nul ne nous voit.
Elle a d'autres poissons,
D'autres vagues aussi.
C'est la mer pour la mer
Et pour ceux qui en rêvent
Comme je fais ici.


Jules Supervieille

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26 août 2009 3 26 /08 /août /2009 14:45

 

MACARONI

 

  

1877 –

Luigi est arrivé d’Italie, il a posé son unique bagage.

On l’a traité de « macaroni », mais il n’a pas plié bagage.

Le grand port aux façades grises et lépreuses lui a offert une place sous le soleil éclatant. Oh, pas bien grande ni très glorieuse, mais il l’a prise. Profession : docker.
Ce métier, tout de suite il l’a aimé.

Quelques mois après, Luigi a convolé en juste noces avec une jeune piémontaise étonnamment blonde aux yeux clairs, arrivée depuis peu, elle aussi, à Marseille et travaillant à la Manufacture d’Allumettes. Bientôt, pour leur plus grand bonheur, un petit garçon est né. Au bout d’une année à peine, un deuxième a suivi. Ni enfer ni paradis, le jeune ménage mène une vie simple, laborieuse, honnête et digne :  ils s’estiment chanceux et heureux.

1888 –

Sur les quais, la situation est devenue intenable pour tous ceux qui ont franchi les Alpes. En effet, pas un jour sans manifestations hostiles, rixes, jets de pierre de la part des autres, des français. Dernièrement, une bagarre à coup de gancho, ce crochet qui symbolise sa profession, a laissé à Luigi une vilaine balafre près de l’oreille gauche. Malgré ça, il a continué à transporter des tonneaux, des ballots, des malles de toutes sortes. Dur à la tache, comme les collègues, n’hésitant pas à faire volontiers des quarts d’heure et même des demi-heures en sus de la durée réglementaire de la journée de travail, souvent sous un mistral glacial. Seulement hier : 31 mars, des ouvriers français se sont rendus à bord d’un navire de la compagnie Fraissinet et ont exigé le renvoi des italiens, menaçant, en cas de refus d’arrêter le boulot. Un peu plus tard, au débarquement du navire espagnol Palme, le phénomène s’est reproduit. Sur ce bateau là, tout le personnel affecté au déchargement était italien. L’entreprise a cédé, les dockers italiens ont été renvoyés, remplacés illico par des français.

Luigi n’en peut plus de cette violence quotidienne, il a pris sa décision : le port, c’est fini pour lui.

Il est vrai que l’embauche journalière donc incertaine d’un docker, les tâches réparties en petites équipes, empêchent sûrement la prise de conscience d’une identité de travail commune, explique Félicien le voisin de palier en entraînant le lendemain Luigi à une réunion du Parti Ouvrier Français. Le voisin du dessous, Pedro l’espagnol, les accompagne.

-  T’inquiètes pas va, viens avec moi lundi à la Raffinerie. A Saint-Louis, français, espagnols, italiens, arméniens on s’entend bien, on fait pas d’histoires ! Tout comme toi, hein Félicien, à ta Savonnerie aussi y a jamais eu de problèmes. Mais chez nous, Aux Sucres, ils recrutent.

Les voilà passant devant les bâtiments des Docks et Entrepôts de Marseille sortis de terre dix ans auparavant, et malgré le sentiment d’être entouré de vrais compagnons, Luigi a le cœur serré. Les longues constructions de pierre grise où sont stockés toutes les marchandises débarquées des bateaux symbolisent ce travail où il se sentait comme en affaire avec la terre entière.

Maintenant Pedro parle de la Raffinerie, de salaire régulier, de prime. De toutes manières, l’italien a t-il vraiment le choix, à trente et un ans, avec une femme et dans quelques semaines un troisième enfant à nourrir ?

 

2007 –

 

Charlotte regarde l’heure qui s’affiche sur le cadran de bord de son Austin et se mord les lèvres. Ces embouteillages quotidiens dans la ville deviennent cauchemardesques. Cela fait bien vingt bonnes grosses minutes qu’elle est coIncée à l’entrée de ce foutu tunnel. Seulement ce matin, elle ne peut pas se permettre d’arriver en retard. Son associé est parti à Nice pour un autre rendez-vous d’affaire et à neuf heures pétantes, il y a ce contrat à renouveler avec le principal client de la société. Etre Big boss d’une des plus fameuses agences de Communication et Publicité de la cité donne un statut, de la considération, pas mal d’argent mais comporte des risques. Conserver la pool position est une bataille permanente.

Bloquée dans la file de véhicules, Charlotte soupire et ouvre un peu sa vitre. En ce dernier jour de mars, dehors le mistral est glacial.

Dans le petit habitacle de sa voiture, soudain, elle se sent très lasse et très seule. Elle réalise brutalement qu’obsédée par la réussite, attelée à sa besogne tel Ben Hur à son char, aujourd’hui, à trente et un ans, elle a empilé des années d’étude, des nuits sans sommeil, un concours impitoyable, un premier job avec un directeur hystérique à l’ego surdimensionné, puis un travail acharné sur le projet et le montage financier de sa boîte, des contrats à démarcher…  pour...

Aïe ! C’est ça que t’appelle bonheur  ? Putain, en prime, depuis quand n’a-t-elle n’a pas pris de véritables vacances… merde, sept, huit ans ? Seigneur, déjà ! Ficher le camp, se barrer, se casser loin de ce bordel de stress, des prises de bec avec son co-équipier !

Elle sourit, à la radio passe une chanson d’Eros Ramazzotti «je suis rital et je le reste…» L’Italie ? Elle ne connaît même pas ! S’échapper, jouer à Audrey Hepburn dans « Vacances romaines »…

En attendant, la voici arrivée devant les bâtiments des docks réhabilités en 1992, symbole de la relance économique de Marseille et de ce nouveau quartier d’affaires de la Joliette. Charlotte est plutôt fière d’y avoir installer ses bureaux  si design. Furtivement elle pense qu’un de ces jours il faudrait qu’elle récupère chez ses parents, parmi d’autres photos en noir et blanc, ce vieux cliché écorné montrant devant la même bâtisse son arrière grand-père l’air impassible à côté de quatre ou cinq dockers.

Au fait, surtout ne pas oublier : pour la première fois, ce soir, elle a promis à un de ses amis qui la verrait bien entrer en politique, de l’accompagner à une session de l’U.M.P., ses parents n’habitant pas très loin, peut-être qu’après la séance, sans mentionner la réunion, elle pourrait passer les voir ?

 

 

(Texte paru dans le N°70 "Mondes Industrieux" de Filigranes)

 

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25 août 2009 2 25 /08 /août /2009 18:20


Evidemment je ne pouvais pas faire autrement que de consacrer un swing à ma cité
(Page 41 "Du quotidien à voix haute" - Editions Manoirante).
Forcément après les articles précédents je ne pouvais pas faire autrement que vous livrer à présent ce swing là.

 
Marseille

 

 « Porte du sud » écrivit Albert Londres.       

Porte ouverte place offerte par Gyptis à Protis

Le fils venu d’Asie Mineure.

Alors orientale, forcément orientale la cité issue de Phocée

Un port où demeure majeure cette idée de ville ouverte

Offerte à qui voudra bien prendre la fière à bras le corps

L’aimer à corps perdu.

Du ciel si bleu dû au Mistral qui caracole s’affole
Et habille la métropole
de plastiques pas très esthétiques
Sous le soleil éblouissant

A faire plisser les paupières de la Bonne Mère assurément.

 

Assurément commencer par faire des estrambords
En embarquant
Sur le Vieux Port sur un drôle de bateau
Pour une drôle de traversée
consistant à traverser
Pour juste aller de l’autre côté.

Assurément continuer en démarrant la vidéo :

Au premier plan un goéland plongeant dans l’eau
Sous la lumière les bateaux
et deux voiliers qui se déhanchent
Voiles blanches claquant contre l’azur immense

A l’arrière plan maisons et rues désordonnées
C’est une ville indisciplinée !

Ça fait cliché ? Coquin de sort, c’est la cité où je suis née.

 

Un décor explosif productif d’adjectifs à mettre au superlatif.

Les adjectifs… Tous, il les faudrait tous.

Et encore ce ne serait pas suffisant ! Unique.

Bon d’accord, chaque ville est unique
Mais celle-ci vous prend les tripes.

 

Dans cette ville indocile l’esprit tangue s’enivre chavire
De trop
de caractère le cœur s’accélère cette ville exagère

La faute à l’air ambiant bouillonnant à l’image de ses habitants,

Rebelles sous tutelle, emphatiques, colériques, excentriques,

Insoumis par nature avec leurs figures
De doublures du théâtre antique.

 

Aussi, d’escaliers resserrés en placettes écrasées

Où des gosses effrontés se rêvant en Zidane poursuivent un ballon,

Les "estrangers" de passage à l’abordage de la cathédrale Byzantine

Se posent la question :

Provençale…ou orientale la carte postale aux palmiers disséminés
Depuis quelques temps au milieu du ciment.

Tant de béton mal intégré, tant d’hyper super marchés désormais…

Provençale, orientale, mais c’est son identité à la ville ouverte,

Offerte à qui voudra bien prendre la frondeuse à bras le corps

L’aimer à corps perdu

 

Du Vieux Port aux collines, sous le vent violent,
Sous le froid mordant,

Dans la moiteur, dans la chaleur, dans la couleur des habitants,

Dans les cuisines métissées et dans l’accent.


           

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24 août 2009 1 24 /08 /août /2009 18:44


Il y en a, je crois, qui vont peut-être compatir sur mon triste sort en regardant ce qui suit ! C'est-à-dire l'endroit où je m'oblige - vraiment - à aller tous les matins ou en fin d'après-midi depuis que je suis rentrée de vacances trop courtes !
Je suis d'accord avec vous c'est pas juste d'habiter une ville pareille ! Car quelle autre ville au monde peut vous offrir ça, pas une longue plage de sable bling-bling comme celle de Pampelone à St. Tropez, ni une plage de galets rappelant La Baie des Anges de Nice, encore moins la plage aux matelas et parasols so chicos sous l'oeil des palaces super étoilés de Cannes.
Non, dans ma cité, à deux enjambées du centre ville, d'ailleurs, c'est encore la ville : le huitième arrondissement de Marseille, se trouvent des petites anses où l'on se parle avec l'accent et où on étale sa serviette à bonne franquette devant des cabanons sans prétention !
Vous me suivez ?







En ce moment l'eau est à 26 ° mummmmm !
On s'y jette ?













Là où... là ?





         A moins que vous ne préfériez attendre la fin de la journée


Bain-des-dames-005.jpg

 

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24 août 2009 1 24 /08 /août /2009 16:07


"Il y a trois sortes d'hommes : les vivants, les morts, et ceux qui vont sur la mer."

Alors ? Le saviez-vous, avez-vous fait travaillé vos petites cellules grises ou êtes-vous parti cueillir la réponse sur Google ou dans votre dico de citations...
Ben, si vous n'aviez rien fait de tout ça et attendu gentiment la réponse :
the winner is... ce bon vieil :
" ARISTOTE " !

Voilà donc une phrase qui a traversé les âges et que nous devons à ce cher disciple de Platon et précepteur d'Alexandre (Le Grand).

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23 août 2009 7 23 /08 /août /2009 09:43


C'était une banale conversation entre amis, bla-bla, blablabla, autour de la mer. Oui, d'accord, ça n'a rien d'un scoop, les chasseurs parlent de gibier, les pêcheurs de poissons, les amateurs de foot de ballon...
Les copains qui vont sur l'eau salée parlent donc logiquement de... leur voilier, de trop de vent, de pas de vent, des mouillages de l'été... et puis quelqu'un a lancé cette phrase :

"Il y a trois sortes d'hommes : les vivants, les morts, et ceux qui vont sur la mer."

-
Ah Victor Hugo ! soupire un des amis...
- Tiens, je croyais que c'était une phrase de Kersauson, rétorque un autre.
- Ben, vous y êtes pas du tout, rigole
le troisième, c'est d'Hemingway !

Je me mords les lèvres, je sais, je sais mais je les laisse chercher.
Vrai, c'est le genre de phrases qu'on connaît par coeur mais dont on oublie l'auteur !

Et vous, le savez-vous ?
Réponse...                     demain.
Mais s'il-vous-plaît, essayer de trouver sans tricher...

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22 août 2009 6 22 /08 /août /2009 12:28

Pour un soupçon de poésie dans ce monde de brutes !

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21 août 2009 5 21 /08 /août /2009 16:57


Ce vendredi fugue à Salernes !
En fait j'ai rendez-vous avec Frédérique, la libraire des "Les Mains Libres", 7 rue Victor Hugo à Salernes.
http://www.les-mains-libres.varnews.fr

Déjà il faut rendre hommage à Frédérique et Stéphanie qui ont eu le courage et l'audace par les temps qui courent, de se lancer dans cette aventure il y a un an : ouvrir une librairie dans un village du Haut-Var.
Dans leur boutique on peut découvrir et acheter des livres pour grands et petits, des jeux pour enfants mais aussi déguster thés, cafés, glaces et pâtisseries artisanales.
D'autre part la librairie organise des animations... d'où ma visite dans la perspective d'une future dédicace des Contes de la Méditerranée et Du Quotidien à voix haute.
Frédérique est une jeune-femme aux splendides yeux clairs tout à fait charmante et si les Dieux sont avec nous, une dédicace-lecture-slam-poésie aura bien lieu en octobre.

Avec l'Homme de ma vie, nous voici donc à Salernes. Il est midi moins dix, nous avons vu la libraire, il est temps de chercher un endroit sympa pour se nourrir.
Au bout du Cours principal du vieux village provençal, devant une fontaine rafraîchissante, trois restaurants se serrent les uns contre les autres.
Le premier est une saladerie-crêperie,
celui qui suit propose des plats qui laissent deviner une cuisine artisanale et authentique,
le troisième fait dans le classique.
Nous optons pour le second.
Il est donc midi moins dix, l'heure est d'importance ! Nous nous asseyons à une table sous une tonnelle ombragée mais il n'y a encore personne à la terrasse ; personne non plus pour nous accueillir.
J'entre à l'intérieur pour demander si nous pouvons rester car un doute m'assaille devant l'inactivité du bistrot.
Une nana me dit alors :
- Ah, c'est que nous ne commencerons à servir qu'à midi et quart - midi et demi... vous comprenez, le chef s'est couché à cinq heures du matin et il s'est levé à huit pour aller choisir ses légumes à Draguignan et cueillir ses salades...
- Oui, je comprends. Mais nous ne sommes pas pressés, nous pouvons peut-être rester assis là et attendre.
- Non, nous ne pourrons pas vous servir avant... allez vous installer à la terrasse d'un café en attendant !!!

Mon époux se lève alors et déclare :
- Et bien d'accord, on va aller ailleurs puisque vous ne voulez pas travailler !
Le chef sort à ce moment là et répond agressivement :
- Je ne peux pas vous entendre dire ça !
Tandis que moi, qui me refuse bêtement à voir un problème, je continue :
- Excusez-moi mais vraiment j'ai du mal à comprendre pourquoi nous ne pouvons pas rester là ; j'ai été commerçante, pour moi le client est roi !

Hé oui ! C'est vrai j'ai été commerçante, fille de commercant et de mon temps (Seigneur ! J'ai l'impression d'être mon père...) on se mettait en quatre pour servir un client ! Sans horaire...
Qu'est-ce qu'il croit celui-là, qu'il est le seul à s'être coucher à cinq heures du mat et levé à huit ? Qu'il est le seul à travailler dans des conditions difficiles ? Il veut que je lui raconte ma vie ? Et mon mari aussi ?
Mais personne ne l'a obligé à être restaurateur !
Bruno, fils d'un de nos amis exerce ce... dur métier (qui rapporte d'autres compensations...) à Cassis. Une existence de ouf ! dit-il, mais jamais il ne mettrait des clients à la porte !

- Et bien c'est pas vrai, le client est pas roi, me répond le cuisinier qui recommence à nous expliquer qu'il s'est couché... qu'il s'est levé... qu'il est pas prêt...
Ma foi, s'il ne veut pas servir de clients avant midi et demi, pourquoi ne pas mettre une pancarte :

                        ICI ON NE SERT PAS AVANT 12 H 30,
   VOUS ÊTES PRIES DE DEGAGER AVANT CETTE HEURE !


Nous sommes allés nous asseoir au restaurant d'à côté où nous n'avons pas savouré de salade-du-jardin, mais où nous avons été très bien accueillis par une dame souriante et serviable et où déjà des clients étaient en train de manger... (tout comme à la crêperie d'ailleurs).

Alors franchement que pensez-vous de l'anecdote ?
Comment deviner que le chef du restau que vous avez élu pour votre déjeuner mène une vie d'enfer ! Se mettre à sa place a-t-il dit... et à la place des clients ?
Que sait-il de ce couple qui se présente dans son établissement ?
Réellement pourquoi interdire de s'asseoir à une de ses tables et patienter, ce qui aurait par exemple permis à la serveuse de proposer un apéro... chose que nous aurions eu du mal à refuser, même si ce n'était pas notre intention d'en prendre un !

Conclusion :
Si vous passez par Salernes, précipitez-vous chez "Les Mains Libres"et faites provision de bouquins. Il faut encourager les filles qui prennent des risques mais n'allez surtout pas faire halte chez le chef si déplaisant de l'Oustao !

Entre nous, croyez-vous que cueillir ses salades rend nerveux ?

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20 août 2009 4 20 /08 /août /2009 18:16



Rien de bon n'est jamais sorti des reflets de l'esprit se mirant en lui-même. Ce n'est que depuis que l'on s'efforce de se renseigner sur tous les phénomènes de l'esprit en prenant le corps pour fil conducteur, que l'on commence à progresser.

( Ainsi parlait Zarathoustra- Notes et aphorismes - Nietzsche)

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19 août 2009 3 19 /08 /août /2009 06:54


Pourquoi  écrire pour les enfants ?

Pour ceci aussi... 

 

« Il était une fois …»

 

-          Ecris-moi un conte, a dit Claire.

-          Un conte ?

-          Hum, hum, un conte pour enfants.

 

Quelques heures ont passé, quelques mois, quelques temps…

arrive une douce après midi de printemps où petits zenfants

s’installent tranquillement,

sur les coussins colorés d’une salle de bibliothèque.

 

Echange de risettes.

Moi, … j’échangerai bien mon trac contre la place sur le pouf rouge, là, juste en face de moi.

« Il était une fois …»

 

Quelques mots, une phrase, un paragraphe, une histoire.

« Il était une fois …»

 

Des lettres, des syllabes, des mots et des mots etdesmots édémo.

Mots frivoles qui s’envolent, mots sages au beau plumage, rigolos au gros dos, savants et partisans, banals ou fatals, mots austères au mauvais caractère, mots rigides, solides et  intrépides, mots tout mou qui s’ébrouent en faisant la moue, mots courts, mots longs, mots ronds, mots bonjour de toujours et d’amour.

 

Etre, noblement, la Magicienne d’un jour.

"Qui veut entrer dans le monde imaginaire du petit voilier rêveur, du poulpe solitaire, de la nasse rebelle et d’une jolie sardine fatiguée de nager ? "

 

La petite-fille du premier rang reste la bouche ouverte,

la gamine voisine ne me quitte pas des yeux !

Le blondinet du troisième rang s’est endormi,

le petit brun assis tout au fond tortille sa casquette l’air absent !

Une fillette rousse feuillette un livre d’images,

un grand dadais à l’air sérieux écoute avec attention.

« Il était une fois …»

 

Etre, une Voix.

Raconter humblement, chuchoter en douceur, tempêter pour de vrai, soupirer pour de faux, gémir pour rire, rire en pleurant, sourires.

Oublier qui on est, où on est, vibrer à l’unisson.

Et rond et rond petit patapon.


Etre, et faire naître.

Quelques mots, quelques gestes, une histoire, une illusion, des personnages, un mirage.

 

 … Mais l’histoire est finie.

- C’est fini, les enfants. 

 

Les zenfants se sont levés, se sont étirés, ont remis leurs casquettes sur leurs petites têtes, ont dit merci, les petits zenfants sont partis.


(Paru dans le N°60 "Le don du texte" de Filigranes)


 

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