LEMONDEPHILOMENE

Vendredi 9 octobre : Itéa

Itéa est un petit port tranquille, surtout fréquenté par les visiteurs en route pour le site de Delphes.

Après deux conférences dans la matinée : Vincent Azoulay nous racontant les guerres médiques, le choc Occident/Orient ; puis Luc Ferry nous plongeant dans les mythes de la naissance de Dieu et du monde, nous voici rendus en tout début d'après-midi devant la baie d'Itéa.

Problème ! Le Louis Aura ne peut plus accoster dans le port : il manque 40 cm... à cause de la marée. Ben oui, il y a des marées en Méditerranée. Qu'à cela ne tienne notre commandant décide de faire débarquer tout son monde en chaloupes ! Impensable de rater l'excursion de Delphes.

C'est donc à bord des chaloupes inconfortables mais l'aventure imprévue ne se refuse pas, que nous arrivons à terre ! On va nous prendre pour des migrants disent certains en rigolant.

Je suis déjà allée à Delphes, j'avais quatorze ans... et n'ai jamais oublié le visage du bel aurige ! mais ma première surprise en arrivant, tomber sur quelqu'un de bien plus vivant que la célèbre statue, Christophe Barbier qui nous rejoint enfin sur la croisière.

Pour en revenir à l'aurige de Delphes,  « qui tient les rênes», la statue de bronze est l'une des plus célèbres sculptures de la Grèce antique. Surtout, l'un des rares bronzes qui nous soit parvenu de l'époque classique. Grâce à une inscription, les archéologues la datent d'environ 470 à 467 avant J.-C.

Le site a bien changé depuis mon dernier passage en 1961. La voie sacrée bordée de monuments votifs et par des trésors érigés par les grandes cités antiques, le temple d'Apollon, le sanctuaire où la Pythie officiait, le théâtre qui reprend vie tous les étés pendant un festival ; les vestiges se sont considérablement agrandis.

Mais ce qu'il ne faut pas rater à Delphes est aussi le musée créé en contrebas du site. Y est exposée une collection extraordinaire d'oeuvres des périodes archaïque et classique. La palme revient sans conteste à "mon" aurige, dont j'ai toujours gardé la carte postale à mes côtés depuis 1961 !

On ne se lassera pas non plus de regarder le sphinx offert par l'ïle de Naxos, au VIème siècle avant J.C. ; d'éléments de frise absolument superbes et d'une étonnante statue de taureau.

Devant tant de beauté, je ne peux m'empêcher de faire un parrallèle avec l'actualité et de formuler une naïve prière : "que jamais de fanatiques déments et obtus n'arrivent jusqu'ici".

Ce sont nos racines , les racines de l'humanité qui se trouvent là. Préserver, préserver, préserver à tout prix.

Quand j'étais lycéenne, certaines avaient dans leurs cahiers la photo d'Alain Delon ou de Belmondo. Moi, j'avais celle de mon aurige !

Jeudi 8 octobre 2015 : Messine (Sicile)

Dans l'Odyssée d'Homère, Ulysse doit passer par le détroit de Messine entre Charybde et Scylla : deux dangers du détroit entre l'Italie et la Sicile, le premier étant un tourbillon, le second un écueil. Les marins qui cherchaient à éviter le premier allaient périr en s'écrasant sur le second.

"Tomber de Charybde en Scylla", soit échapper à un danger (ou un inconvénient) que pour se frotter à un autre encore plus grave ; qui n'a jamais employé l'expression ?

Ma foi, Le Louis Aura a échappé aux deux monstres et est arrivé en entier à bon port : Messine, première escale de la croisière.

L'excursion que nous avons choisie nous mène à Taormine, l'antique cité d'Arx située à 300 m au-dessus du niveau de la mer. Le lieu est surtout connu pour son magnifique théâtre antique gréco-romain : l'une des ruines les plus prisées de Sicile. En effet, le théâtre est remarquablement préservé avec une vue à couper le souffle sur le golfe en contre-bas et l'Etna en arrière-plan.

Le monument pouvait accueillir jusqu'à 5400 personnes et l'acoustique est reconnue comme exceptionnelle. D'ailleurs, la scène est toujours utilisée pour concerts et spectacles.

Du coup, j'ai été un peu déçue, au vu des décors, du plancher recourvrant l'antique dallage et des échafaudages... sans parler de la foule...

Pour se rendre sur le site du théâtre, nous avons traversé, à l'aller comme au retour, la vieille ville où subsiste un château datant de l'époque normande, une belle église, des maisons pleines de charme, et... d'innombrables restaurants et de nombreuses boutiques.

Après le retour à bord en fin de matinée, 15 h 30 était l'heure de la conférence du jour : La Grèce, boulet ou chance pour  l'Europe ? par Jean-Marc Daniel (ancien élève de Polytechnique, de l'Ecole Nationale de la Statistique et de l'Administration Economique, professeur d'économie à ESCP-Europe...)

Difficile de vous faire un compte-rendu exact de cette passionnante analyse. Je vous rapporte donc seulement quelques idées retenues.

"Ne pas confondre la communauté européenne et la zone euros ! (...) Le problème de la Grèce c'est la dignité (perdue) et l'incertitude (introduite). Le projet européen est un moyen de dépasser, de sortir de la logique victimaire.

Si le sujet vous intéresse, Jean-Marc Daniel qui est aussi directeur de la revue annuelle Sociétal,  a publié plusieurs livres dont 8 leçons d'histoire économique et l'Etat de connivence (Odile Jacob). Il assure également une chronique dans la matinale de BFM Business.

Nous sommes le mardi 6 octobre 2015, il est 16 h, c'est reparti pour une nouvelle croisière de L'Express en Méditerranée.

En effet, absolument ravis par la précédente (voir ci-joint dans la catégorie Voyages), nous avons re-signé pour ce nouveau périple qui va nous emmener en Sicile pour une première escale à Messine ; en Grèce : Itéa - Katakolon - Le Pirée - Patmos ; en Turquie pour un passage à Kusadasi et enfin retour en Grèce à Santorin avant de s'envoler de Rhodes pour le retour à Marseille.

A bord est encore prévu un alléchant programme de conférences concocté par Christophe Barbier directeur de L'Express et Christian Makarian directeur délégué de la rédaction : le philosophe Luc Ferry (déjà présent en 2014), Jean-Marc Daniel spécialiste d'histoire de la pensée économique et de l'étude de la politique économique, Vincent Azoulay professeur d'histoire grecque et membre de l'Institut universitaire de France.

Mais si la croisière 2014 avait démarré et s'était poursuivie sous un soleil radieux et une mer d'huile, apparemment il ne va pas en être de même pour la version 2015 !

Nous embarquons sous un ciel gris et une petite houle... qui ne va pas tarder à en indisposer certains !

Bah ! Nous sommes avec L'Homme des marins aguerris n'est-il pas ???

Dans Le point N°2246, celui de cette semaine, une interview de Régis Debray m’a interpellée à plusieurs titres, mais il en est un qui a véritablement fait écho à une anecdote vécue.

A une question sur la mutation politique, le penseur répond : (…) « L’époque n’est pas au « Nous » mais au « Moi je. » Ote-toi de là que je m’y mette, et regarde comme je suis beau. On ne parle plus d’accomplissement collectif mais d’épanouissement personnel. (…) Restent le nombril et le selfie. J’ai le sentiment que cela fait tourner en rond.»

Cela me ramène à un jeune chef d’entreprise côtoyé il y a peu. A une question posée sur son job, la réponse m’a anéantie : il est nettement dit qu’il va « piquer » le secteur qui lui échappe, en quelque sorte essayer d’écraser son concurrent. Aucun état d’âme, il est le plus fort et il le proclame.

J'ai pensé "il blague, c'est de l'humour"... Mais rien n'était moins sûr. Le ton n'était pas vraiment sympa...

Certains savent que, dans une autre vie ! j'ai été fille d'un célèbre commerçant ; aie ! Je vais écrire "en ce temps-là"... et bien, ma foi, en ce temps-là, il me semble qu'un patron faisait le job sans chercher à nuire à son voisin. Le soleil se levait pour tout le monde.

Là, nous sommes passés à une autre dimension et ça me met mal à l’aise. Il y a du nombrilisme oui. Et bien pire ! Les conséquences de son acte ? Pftt ! Seulement :  "je suis le meilleur, le soleil se lève pour moi et j'en ai rien à foutre de toi !" (sous-entendu tant pis pour ta gueule...)

Le sujet du selfie me déroute également. Obligée d'écrire encore : avant ! Donc, "avant" nous prenions les autres en photo, ou alors les autres et nous, ou nous et les autres ! Mais jamais nous n’aurions pensé faire de soi par soi un portrait.

Aujourd’hui, selfie, selfie... moi d'abord. Où sont passés les autres ?

Le tome 1 des Contes de la Méditerranée (Le lutin malin) étant épuisé, j'ai récupéré mes droits il y a quelques temps déjà ; voici donc 2 des contes de l'album "remasterisés !".

- Pouloupou et les diamants

- Fifi Filipi la sardine

sont partis pour une vie nouvelle !

Un format différent, une autre maison d'éditions (Eanna), de nouvelles illustrations mais toujours d'Isabelle Nègre-François, cet album est devenu un magnifique petit roman à la couverture souple.

Et ne me dites pas que vous l'avez déjà ! La nouvelle version n'a plus rien à voir avec l'ancienne.

Toutes les pages fourmillent de surprises en tout genre ; sans parler de "mon petit dictionnaire" précédant chaque conte.

Maintenant, vous savez ce qu'il vous reste à faire !!!

Contes de MA Méditerranée, sorti ce jour, sera très bientôt dans toutes les bonnes librairies et bien sûr, sur le net (12,50 €) !